Encore un papier sur la condamnation « historique » de Nicolas Sarkozy à de la prison ferme ?! Oui,...

Invisibilisé dans les médias mainstream US et européens, le décès d’Assata Shakur, survenu le 25 septembre, continue de produire hommages et recueillements dans les médias afro-américains comme à travers les diasporas noires du monde entier.
Membre du Black Panther Party (BPP) puis de la Black Liberation Army (BLA), au sein de laquelle elle a combattu la suprématie blanche, le capitalisme et la violence d’État, l’activiste s’est éteinte à l’âge de 78 ans, à la Havane (Cuba) où elle vivait en exil depuis plus de 40 ans. Elle était également la marraine et belle-tante du rappeur Tupac Shakur, assassiné à Las Vegas en 1996.
C’est le 2 mai 1973 qu’Assata Shakur entre dans la légende. Lors d’un contrôle routier sa voiture est interceptée par deux policiers blancs. A bord du véhicule immobilisé, trois activistes afro-américains : Zayd Shakur, Sundiata Acoli et Assata. Eclate soudain une fusillade qui tue l’agent de police Werner Foerster et Zayd Shakur, blesse grièvement Assata, tandis qu’Acoli parvient à s’enfuir…
En 1977, après un simulacre de procès, malgré qu’aucune preuve ne permette d’incriminer Assata pour la mort du policier, la « justice » suprémaciste blanche la reconnaît coupable du meurtre de Foerster et la condamne à la prison à vie.
En novembre 1979, elle s’évade de la prison pour femmes de Clinton (New Jersey) grâce à l’aide d’une équipe de militants armés dirigée par Sekou Odinga. Elle entre dans la clandestinité plusieurs années avant d’obtenir l’asile politique à Cuba, en 1984. Elle vivra à La Havane, les 40 années suivantes, dans une relative discrétion, tout en demeurant une figure emblématique pour de nombreux Américains.

« Elle est morte libre ! », a écrit Stacey Patton, journaliste et professeure d’université ; notamment autrice d’une déclaration retentissante et virale dans laquelle elle a dénoncé la « liste noire numérique » de Charlie Kirk.
« Après des décennies de poursuites, le gouvernement américain n’a jamais eu la satisfaction de mettre Assata derrière les barreaux », poursuit Patton. « Il voulait la voir enchaînée, brisée et exhibée comme un exemple, mais elle a échappé à son emprise et a vécu sa vie en exil, entourée de personnes qui honoraient son combat et sa survie.
Et d’ajouter ce qui vaut aussi pour l’Europe : « Pour l’Amérique blanche raciste, elle était une fugitive. Pour nous, elle était une combattante de la liberté qui refusait de se soumettre. Assata quitte ce monde avec sa dignité intacte, son histoire inaltérée et sa défiance éternelle. Elle ne leur a jamais appartenu. Elle appartenait à l’histoire, au peuple et à la lutte permanente pour la libération. Maintenant, elle appartient à ses ancêtres. »
Pour sa part, le comédien, rappeur et producteur Common se souvient comment, à 23 ans, il a connu l’activiste révolutionnaire : « En lisant son autobiographie, j’ai découvert les mots et la vie d’une femme qui allait devenir l’une de mes plus grandes héroïnes. Son style était poétique et les sacrifices qu’elle a consentis pour son peuple avaient le poids d’une sauveuse […] Après cela, j’ai rencontré Assata en personne ; j’ai fait la connaissance de cette magnifique reine qui a mené une vie des plus puissantes et inspirantes ».
Depuis sa sortie, en 1988, « Assata, une autobiographie » est devenu un modèle de résistance et d’autodétermination, étudié par les militants, les universitaires et les jeunes en quête d’inspirations dans le combat pour la liberté, la dignité et la justice.
Dans la version française [publiée en 2018 aux éditions Premier Matins de Novembre], l’une des deux préfaces est signée par l’activiste Ramata Dieng ; cofondatrice du Comité vérité et justice pour Lamine Dieng, tué le 17 juin 2007 par la police du 20ème arrondissement de Paris.
Voici ce qu’elle a écrit au sujet de l’unique essai d’Assata Shakur qui, des deux côtés de l’Atlantique, n’a rien perdu de son actualité :
« Il faut lire ce récit qui galvanise, motive, donne de la force. Il faut également qu’il nous serve de référence en matière d’auto-organisation et de défense contre la violence d’État. Assata parle d’elle, de tous ceux qui ont fait partie d’une Parti des Black Panthers, de la Black Liberation Army. Elle parle de leaders qui avaient une idéologie, une vision globale mais elle parle aussi de gens qui en avait juste ras-le-bol de l’oppression, des discriminations et de leur condition sociale. De gens qui s’engageaient dans la lutte en étant prêt à sacrifier leur vie pour renverser ce système. J’aimerais que ça fasse envie aux militant.e.s d’aujourd’hui. Parce que la situation exige de tels sacrifices. »
Olivier Mukuna
© Finkape Roots


Diplômé d’un Master en Journalisme et Communication de l’Université Libre de Bruxelles (ULB, 1997), le journaliste et essayiste Olivier Mukuna a travaillé pour une quinzaine de médias belges, français et luxembourgeois et signé plusieurs productions audiovisuelles. Il est spécialisé dans les thématiques liées au racisme systémique, aux questions décoloniales et à l’actualité sociopolitique des citoyens afro-descendants en Europe.
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